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  • Festival du mot 2013 (mon pèlerinage en Charité)

     Festival du mot 2013 (mon pèlerinage en Charité)

    Ces mots qui s'affichent sur une friche sont d'un monumental réconfort.
    Je ne suis pas seule ! Posée à quai ils tombent à point et déjà l'ivresse me tient.

    Je reconnais Marc Lecarpentier, le président du festival. Veste bleu pétrole il se dirige en direction d'un homme qui marche devant moi avec une canne. Il s'agit de René de Obaldia du haut de ses 95 printemps ! l'invité d'honneur du neuvième festival.

    ......


    Je ne suis pas seul… il y a les tags
    Avec un peu de recul, en sortant de la gare, on peut lire cette réplique au sommet de la friche.

    Sur le conseil d'Ira Schultz chez qui je vais séjourner le temps du festival, je me pose au café de la gare. Puis je promène ma valise sous la pluie, traversant la ville pour rejoindre les bords de Loire.


    En chemin, je poursuis l'inventaire photographique commencé dès ma première visite opportune.
    Ces mots peints sur les murs me fascinent, ils tiennent au corps et donnent de l'allant.

    Je promène mon regard à travers la Charité à la recherche des inscriptions qui m'auraient échappées. J'en savoure leurs expressions tant dans leur fond que leur forme, leurs supports et les histoires parallèles que cela suppose.




    Traiteur de Père en Fils…
    Ces mots peints sont l'ouvrage de Christian Souverain.


    Enfin… à quelques inscriptions près.

    Je suis en quête aussi des peintures fraîches générées par chaque temps de festival.
    Et je redécouvre tous ces décors évanouis dans des cadrages exclusifs; ceux où vivent ces phrases, travaillées par les saisons.







    Les rues de la Charité-sur-livres ont sorti leurs guirlandes de lettres.

    Le ciel est gris, la météo confuse… mais nous ne sommes pas seuls, il y a les mots !

    Je traverse la Loire en direction de la maison d'Ira Schulz.
    J'ai de la marge jusqu'au lancement du festival à 18h.


    Loire miroir, Loire grimoire… marcher par dessus la Loire, le matin, le soir.
    Brasser le fond en mouvements vagabonds pour remonter à la surface de la vie.
    Distillerie de l'âme. Très bas, très haut.

    18h… Le soleil se pose dans le jardin du prieuré.
    Inauguration des expositions (voir photos en fin d'article dans la "Galerie"), le buffet est prêt, les discours commencent et se succèdent, la bande sonore naturelle s'accorde à merveille au discours de René de Obaldia qui termine par cette phrase :
    " Les anges volent car ils se prennent à la légère " / Chesterton.

    Ou encore, chanter la Transparence - mot de l'année 2013 - sur une musique de Julien Clerc ?

    Fidèles au rendez-vous, les mots toujours s'amusent, les bons mots fusent.
    Les cloches sonnent et les oiseaux chantent à tue-tête, Vincent Roca est de retour.

    Premier petit déj. des mots : café, croissant et dégustation de mots, me presser vers le cellier où les conversations déjà sont denses en attendant les comédiens qui arrivent brosses - à dent - en bouche pour ce premier jour.
    Cette communauté d'amoureux des mots est toute ouie aux déclamations et lectures heureuses et variées des comédiens. Ces moments sont purement délicieux.
    Entre autres moments : … L'orage de Brassens / l'éducation sentimentale de Flaubert / Outrage au public de Peter Handke…

    Poursuivre dans le cellier, avec la couleur des mots, une conférence de Annie Mollard-Desfour.
    Saviez-vous que si Newton a mis sept couleurs à l'arc en ciel, c'est pour être en résonnance avec la gamme musicale ? Et qu'il y a dans la langue, onze champs de couleur lexicalisés. Que pour Goethe, le gris est le point central ! Que définir le gris comme un mélange de blanc et de noir est une erreur… Que c'est une désaturation vers le clair ou le foncé !
    Et puis, la couleur n'existe pas, c'est un fard ! (elle n'existe que par le récepteur / l'être humain). Couleur vient de color, en latin : cacher, farder.
    Que le vert est la couleur du hasard - symbole de chance ou malchance - car on ne savait pas comment l'obtenir.

    ...

    Midi trente, Place des pêcheurs



    Bonne pêche ! arrivage du jour et concentré de bons mots sont au rendez-vous.

    Échos de la veille en chroniques et autres jongleries sont déclamées pour le bonheur des festivaliers et locaux réunis en grappes au pied de l'arcade, qu'il pleuve ou qu'il vente.


    Vincent Roca y officie chaque jour. (À l'arrière plan, Marc Lecarpentier).


    À droite, René de Obaldia (invité d'honneur du festival).

    ...

    Pause des mots euphoriques le temps d'un déjeuner solitaire accompagné d'une bolée d'armorique…


    … bien que le set de table poursuive une forme de bavardage en ricochet de vocabulaire.

    Et puis, lire encore / READ ON / et encore… en descendant le Rue Grande (enfin la Grande Rue), la vitrine de la Maison des Mots. Échanger de vive voix quelques mots avec John Crombie, OUI, WEE !


    avant de poursuivre Sans préjuger de la suite… mon " pèlerinage des mots ".


    (Emporter en toute transparence, enfin, à la dérobée !… quelques photos de la vitrine "2013").


    Les lettres sont partout...

    ça m'apprendra !
    Je voulais voir Villon la vie en soirée au Cellier; un spectacle de Michel Arbatz, qui chante et joue la poésie et Olivier-Roman Garcia, qui l'accompagne à la guitare. Je les avais rencontrés (et découvert) un mois auparavant lors d'une soirée récital à la Lucarne des Écrivains (une librairie à Paris / XXe)… hélas, j'aurais du penser à réserver à l'avance, le spectacle était COMPLET.
    Pauvre de moi, je n'entendrai pas les mots de ce "poète maudit". (Ce n'est que partie remise).

    Alors je suis allée regarder la Loire,


    et les canards,


    qui eux aussi regardaient la Loire.


    Loire du soir, bonsoir.

    ...

    Il y avait un pèlerin hollandais ce matin à la table du "premier" petit déjeuner (à la Maison de la Loire chez Ira).
    Me rendant ensuite au petit-déj. des mots, je réalise en passant le Logis du Prieur (une petite tour toute en hauteur attenante au Prieuré), que je suis moi-même en pèlerinage… des mots.



    (Dans la maison d'hôte, il y a ce fameux texte, d'auteur inconnu, trouvé dans une église de Baltimore en 1692)


    Porte clef de ma chambre. (Go Placidly… mais quand même !! )

    ...

    Comme la veille, je prends place dans le cellier… déjà presque complet.

    ON PART ET ON SE LAISSE SURPRENDRE PAR LES ALÉAS DE LA ROUTE.
    Ousmane Diarra

    Lorsqu'une chèvre est présente on ne bêle pas à sa place.
    Amadou Hampâté Bâ

    Cette matinée entre en parfaite résonance avec ce début de journée. Je suis toute à l'écoute des comédiens qui nous délivrent ce jour des extraits de textes d'auteurs Maliens.


    Les comédiens du festival / Hors cellier.
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    Je m'étonne à nouveau des échos qui se poursuivent ici en : TOPONYMIE / LES MOTS DES LIEUX. Animée moi-même par la poétique des plaques de rues, j'approfondis cet enthousiasme en restant dans le cellier pour écouter Stéphane Gendron nous parler avec force et fantaisie (références historiques et légendes) du nom des lieux d'ici et d'ailleurs… Une intarissable quête et enquête géographique qu'il mène depuis plus de vingt ans, un comble aussi de jeux de langages (rébus, calembours, voire fantaisies graphiques) qui porte aux sourires et à l'inspiration poétique conférant à cette conférence une dimension jubilatoire partagée.

    " Montreuil-sur-mer " (dans le Pas-de-Calais) par ex. : ancien > Monstreul > monstre à un œil. D'après une interprétation de Charles Estienne (qui appartient à la grande famille des imprimeurs du même nom).

    " La Fontaine Pissette " (à Argenton dans l'Indre) … Pissette > Pie VII.
    Elle aurait des vertus miraculeuses.

    " La Ville-aux-Dames " (dans l'Indre-et-Loire) où les habitants sont appelés les Gynépolitains.
    Le maire aurait débaptisé tous les noms des rues… pour leur donner des noms de femmes.

    Il y a aussi " Villechien " (dans La Manche) avec ses " Toutouvilains et Toutouvilaines " pour habitants (oui oui !).

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    Jusqu'à l'arrivée du week-end, la Charité aura connu une Météo versatile...


    Et puis le soleil finira par être de la partie,


    l'affiche du Festival, un dessin de Desclozeaux, tiendra sa promesse.


    Benoît est venu me rejoindre le temps du week-end, c'est Jour de fête.

    À l'arrière plan, Patrick Chauvin - artiste plasticien qui accompagne le Festival depuis plusieurs années - termine une installation, conclusion d'un travail sur la lumière réalisé avec la complicité des passants.

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    Mot-et-mots, spectacles du festival & autres gourmandises,


    vers la Loire, un peu de Molière.

    Tout cela me donne l'envie éparpillée de conclure en rendant un hommage à nos épiphanies, à ce qui nous construit, nous poursuit, nous aiguise l'âme et l'esprit.
    La photographie de cette couverture aperçue dans la vitrine de "l'Arbre de Jessé" [librairie ancienne et moderne de la Charité], sert à merveille l'intention :


    Titre en piédestal typographique où Le mot… cette cause… à effets ! se répercute à merveille.

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    Exposition / salles XVIIIe.
    Les deux premières images correspondent à des projets d'étudiants de l'EESAB de Rennes qui - en qualité de futurs designers - ont questionnés " physiquement " le MOT.
    Les autres images montrent l'ouvrage sensible d'Anne-Marie Vin. Elle travaille autour du dictionnaire, du livre papier… une espèce, hier banale, et aujourd'hui menacée. et se définit comme une " installatrice de mots ".

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